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Jean Thierry : Un Requin pour Cythère.docpouvreau02.jpg (39605 octets)

Un jour je dis à ma petite amie LAURA, viens , je t'emmène en bateau... méfiante, elle me ette un coup d'oeil en coin : Pour de vrai? comme si j'avais l'habitude de lui monter des bateaux ! ... quand elle a posé son petit pied à bord de mon Requin, elle a pu constater que, pour un bateau, c'était un beau bateau !

On a hissé les voiles et on a largué le corps mort. Embarquement pour Cythère !

C'était pour Hoedic, mais c'était Cythère quand même. Parce que Laura et moi... enfin, ce que je veux dire, c'est que ça marche bien, quoi. La preuve : lorsque à mi-route, le vent est tombé, qu'est-ce qu'on a fait, hein ? On a bordé le foc à contre et calé la barre en dessous. Amours, délices et bannettes de Requin... qui a dit que le Requin n'est pas confortable ? Une bannette de 1.90m de large sur autant de long, on ne trouve pas ça dans tous les bateaux, et ça laisse beaucoup de place à l'improvisation... Suffit d'être jeune ou de vouloir le rester.

Quand le vent est revenu, nous on est repartis pour crocher notre ancre dans le port d'Hoedic, comme Prévu. C'était pas vraiment une île déserte comme en rêvent les amoureux transis. C'était pas la foule non plus. Quand on aime, on ne compte pas.

On s'est baigné sur une petite plage sans personne. Et puis on s'est séchés. On s'est collé du sable plein partout. On s'est re-baignés et on s'est re-séchés. Laura était franchement à poils, qu'elle a très jolis. Comme tout le reste, d'ailleurs.

C'était le Paradis. Et il n'y a eu personne pour nous foutre à la porte.

C'est la fringale qui nous a ramené à bord.

Quand même, les pommiers dans un Paradis, c'est bien pratique quand on a un petit creux. Laura et moi, on s'est d'ailleurs posé la question de savoir s'il était vraiment possible de ne vivre que d'amour et de pommes, même fraîches. Problème ! ...

Revenus au port, on a constaté que notre Requin était resté bien sage pendant notre absence.

Faut dire qu'il était surveillé de près. Tout le monde autour le dévorait des yeux. Quand Laura est montée à bord ça a encore empiré. Quand j'ai fait rissoler des petits oignons dans du beurre sur le réchaud dans le cockpit, c'est devenu terrible !

Surtout sous le vent.

On a nettement frisé l'émeute, l'abordage pirate, le délire des sens... Le Requin, Laura, les petits oignons, c'était trop pour les bateaux alentours. Alors J'ai dit à Laura de remettre son soutien-gorge et ça s'est calmé un peu.

De toutes façons , la côte de boeuf était cuite, juste saignante. Et si les autres bavaient, nous on avait les crocs. Alors on s'est mis à table. Façon de parler parce que dans un Requin, il n'y a pas de table. C'est comme en amour, c'est pas les positions les plus confortables qui, que... Et c'est le pie On était pas chez Bocuse, mais la côte de boeuf, elle était super ! Et Laura qui a la forme et des formes superbes en a repris trois fois. D'accord, il y avait plein d'yeux qui nous mataient. La gloire ça se paie, hein ! Tout à coup Laura a dit:

- Dis donc, ils vont tous vouloir acheter un Requin !

- Quoi, j'ai dit, vision d'horreur ! Le Requin c'est rien que pour nous. Nous on n'est pas des consommateurs de bateaux, notre Requin on l'aime.

- Et nous on s'aime ! a dit Laura qui a toujours le dernier mot, en se calant contre moi.

Propos recueillis par Jean THIERRY Note de la rédaction :

Cythère est une île grecque, dédiée à Aphrodite déesse de l'amour, que Watteau, peintre du 18ème siècle, immortalisa dans son tableau " Embarquement pour Cythère " où l'on voit une jeune femme et un jeune homme, tous deux très bien faits de leur ersonne embarquer pour l'île des amours.

 

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